Le fait que Da Ponte et Mozart aient pu faire de cette comédie complexe un chef-d’œuvre relève du miracle. Avec “Le nozze di figaro”, Mozart a non seulement écrit une merveilleuse comédie de situation avec une musique époustouflante, mais aussi cinq portraits de rôles immortels pour les personnages principaux.
La Comtesse solitaire
Dans cette aria, la comtesse regrette le temps où le comte l’aimait tendrement. Sans aucun doute, “Porgi amor” est l’un des points forts de l’opéra et l’une des plus belles pièces lyriques écrites pour soprano. La musique est réglée en majeur, bien que l’humeur de la comtesse soit triste et contemplative, c’est peut-être même ce qui fait le charme de cette pièce. L’aria commence au piano et culmine au milieu, avec le déchirant souhait de mort “o mi lascia almen morir” répété deux fois, accompagné par la cantilène surnaturelle et douloureuse de la clarinette. “Porgi amor” est la première apparition de la comtesse. Elle est seule sur scène et elle doit chanter tout de suite le plus bel air de l’opéra, certains chanteurs ont du respect pour cet air à cause de cela. Sinon, il n’y a pas de difficultés vocales majeures, c’est une cavatine simple et sa durée est comparativement courte. Mais comme toujours avec Mozart, les choses simples sont les plus difficiles.
Dans la liste de lecture, vous trouverez trois versions de cette aria.
Tout d’abord, écoutez cette aria dans une interprétation merveilleuse, mélancolique et imbattable par Elisabeth Schwarzkopf. Chaque mot est doté d’une belle couleur de timbre. La respiration est imperceptible et permet à la musique de briller avec de beaux phrasés longs.
Porgi amor – Schwarzkopf
Aria de Cherubino “Voi che sapete”
Cherubino est un rôle pantalonnade pour une jeune soprano. Il est le page du comte et à un âge où les émotions s’éveillent. La chanson est une déclaration d’amour chantée par un adolescent à toutes les femmes. Mozart a composé cette scène touchante sur un ton naïf et enfantin. L’aria s’ouvre sur une mélodie gracieuse accompagnée de violons syncopés imitant une guitare jouée par Susanna. Au fur et à mesure que le temps passe, la musique devient plus intense. Mozart module la mélodie par petits pas, évoquant une humeur passionnée et montante et donnant à la personne de Cherubino un éclat d’outre-tombe.
Chanté de façon magique et hypnotique par Maria Ewing dans la version cinématographique de Ponnelle.
Voi che sapete – Ewing
“Che soave zeffiretto” : un grand duo de Suzanne et de la Comtesse
“Che soave zeffiretto” est peut-être le plus beau duo que Mozart ait écrit. La comtesse et Susanna écrivent une lettre au comte l’invitant à un rendez-vous “dans les pins du bosquet, où souffle un doux vent du soir.” Mozart a capturé l’humeur de ce doux vent du soir d’une manière merveilleuse. Dans ce tendre duo, les deux voix sont accompagnées de manière enchanteresse par le hautbois et le basson.
Écoutez ce duo dans la merveilleuse interprétation d’Elisabeth Schwarzkopf et d’Irmgard Seefried. De Seefried dans cet enregistrement de 1953 sous la direction de Furtwängler, Kesting dit : “Si l’on veut ressentir quelque chose de l’effet soul de son chant, il faut écouter les premiers enregistrements… elle a en Schwarzkopf un partenaire qui s’approche autant que possible de la perfection.”
Che soave zeffiretto – Schwarzkopf / Seefried
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