Le portrait de l’air CHE GELIDA MANINA de Puccini

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L’Aria – Arguments et contexte

Synopsis : Le philosophe Colline rentre chez lui. Il est de mauvaise humeur car il n’a rien pu vendre au mont-de-piété, celui-ci étant fermé la veille de Noël. Seul le musicien Schaunard a pu gagner quelque chose et apporte avec lui du vin, du bois de chauffage et un peu d’argent. Ils décident donc de passer la veille de Noël au Café Momus. Ils sont interrompus par leur propriétaire Benoît, qui leur réclame le loyer dû depuis longtemps. Ils se débarrassent de lui et vont au café. Rodolfo est le seul à rester, car il doit encore terminer un article. On frappe à la porte. C’est Mimi, la couturière de l’appartement du voisin. Elle demande du feu pour la bougie éteinte. Mimi se sent faible et Rodolfo s’occupe d’elle. Les deux hommes parlent de leur vie et de leurs rêves. Rodolfo commence et parle de lui, le poète, le millionnaire des rêves.

La célèbre aria “che gelida manina” commence pianissimo et dolcissimo et la première partie se termine par un beau rallentando lorsque Rodolfo montre du doigt la belle lune qui scintille romantiquement dans la pièce (e qui la luna). Rodolfo se présente avec un expressif “Chi son” dans lequel il se décrit comme un poète et un artiste pauvre. Dans la troisième partie, il raconte ses rêves, qui culminent glorieusement dans le mot “millionaria”. Dans la quatrième partie, il chante Mimi, qu’il vient de rencontrer. La célèbre séquence finale avec le high C (Ma il furto non m’accora, poiché, poichè v’ha preso stanza, la speranza) est infiniment romantique.

L’Aria – le texte de che gelida manina

Che gelida manina, se la lasci riscaldar…
Cercar che giova? Al buio non si trova.
Ma per fortuna, è una notte di luna,
e qui la luna… l’abbiamo vicina.

Aspetti, signorina,
le dirò con due parole:
chi son? chi son!… e che faccio…
come vivo?… Vuole?
Chi so? Sono um poeta.
Chi cosa faccio? Scrivo.
E come vivo? Vivo.

In porvetà mia lieta,
scialo da gran signore…
rime ed inni d’amore.
Per sogni e per chimere…
e per castelli in aria!
L’anima ho milionaria.
Talor dal mio forziere…

ruban tutti i gioelli
due ladri: gli occhi belli.
V’entrar com voi pur ora,
ed i miei sogni usati
e i bei sogni miei tosto si dileguar!
Ma il furto non m’accora,
poichè v’ha preso stanza… la speranza!

Or che mi conoscete, parlate voi deh! parlate…
Chi siete?
Vi piaccia dir?

Quelle petite main gelée,
laissez-moi la réchauffer pour vous.
A quoi bon chercher ?
Nous ne la trouverons pas dans le noir.
Mais heureusement
c’est une nuit de lune,
et la lune
est près de nous ici.

Attendez, mademoiselle,
Je vais vous dire en deux mots,
qui je suis, ce que je fais,
et comment je vis. Je peux ?
Qui suis-je ? Je suis un poète.
Ce que je fais ? J’écris.

Et comment je vis ? Je vis.
Dans mon insouciante pauvreté
je gaspille des rimes
et des chansons d’amour comme un seigneur.

Quand il s’agit de rêves et de visions
et de châteaux en l’air,
j’ai l’âme d’un millionnaire.
De temps en temps, deux voleurs
volent tous les bijoux
de mon coffre-fort, deux beaux yeux.
Ils sont arrivés avec vous à l’instant,
et mes rêves habituels
mes beaux rêves,
se sont aussitôt évanouis dans la nature !

Mais ce vol ne me met pas en colère,
car leur place a été
par l’espoir !
Maintenant que vous savez tout de moi,
dites-moi qui vous êtes.
Je t’en prie !

Interprétations célèbres de Che gelida manina

Nous commençons par Pavarotti. De nombreux experts considèrent Pavarotti comme le meilleur Rodolfo de l’histoire de l’enregistrement. Selon les mots de Kesting : “Peu remarquable, également et surtout agissant, Pavarotti se présente comme Rodolfo sous Karajan. C’est l’un des rares portraits vocaux qui rend le personnage visible. Dans aucun autre disque – hormis La fille du régiment – il n’a chanté de façon plus libre et détendue, dans aucun avec une palette de couleurs plus riche.”

Che gelida manina (1) – Pavarotti/Karajan

Le prochain Rodolfo est le grand Jussi Björling. Encore une fois avec les mots de Kesting : “Aucun autre n’a chanté la musique du premier acte de façon plus lumineuse et tendre, celle du quatrième acte de façon plus retenue et élégante que le Suédois”.

Che gelida manina (2) – Björling/Beecham

L’enregistrement suivant est de Benjamino Gigli et date des années 30. Il a longtemps été considéré comme le successeur d’Enrico Caruso. La voix de Gigli avait “le métal liquide ainsi que la douceur veloutée” (Fischer) ou “la chaleur et la brillance” (Kesting). Gigli irritait de nombreux amateurs d’opéra avec ses excursions dans le divertissement superficiel et était parfois condamné comme un “Schmalztenor”, un verdict qu’il partageait avec Richard Tauber, un autre grand ténor du 20e siècle. Il est indiscutable que Gigli était capable de reproduire les émotions avec sa voix (cela est particulièrement évident dans la première partie), alors que les notes les plus aiguës (comme chez Caruso) n’étaient pas le point fort du ténor. Mais à la fin, on entend un beau diminuendo.

Che gelida manina (3) – Gigli

Vous pouvez entendre une quatrième version par Jonas Kaufmann.

Che gelida manina (4) – Kaufmann

Et une grande version par Enrico Caruso

Che gelida manina (5) – Caruso

 

Peter Lutz, opera-inside, le guide de l’opéra en ligne à CHE GELIDA MANINA de l’opéra La Bohème.

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