Guide de l’opéra en ligne et Résumé de LA FILLE DU REGIMENT de Donizetti

“La fille de régiment” est un feu d’artifice de voix et appelle deux grands interprètes des rôles principaux. Le rôle principal féminin de Marie exige une grande voix avec celle d’une personnalité théâtrale extraordinaire, et le rôle principal masculin exige le tour de force ténoral des 9 do aigus de “Pour mon ame”.

 

Vue d-ensemble et accès rapide

Contenu

Résumé

Commentaire

Acte I (Scène du régiment)

Acte II (Scène du château)

Les temps forts

Au bruit de la guerre

Chacun sait, chacun le dit

Pour mon ame (Aria avec les 9 C aigus)

Je suis soldat… Il faut partir (Finale Acte I)

C’en est donc fait – Salut à la France

Tous les trois réunis (Terzetto)

Pour me rapprocher de Marie (Terzetto)

Quand le destin (Finale Acte II)

Recommandation d’enregistrement

Recommandation d’enregistrement

Roles et résumé

Première

Paris, 1840

Libretto

Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Jean-François-Alfred Bayard, d'après une histoire de leur cru.

Les principaux rôles

Marie, jeune cantinière (soprano) - Sulpice, sergent d'un régiment français et son père adoptif (basse) - Tonio, un jeune Tyrolien (ténor) - Marquise de Berkenfield, une comtesse (mezzo-soprano) - Duchesse de Krakentorp, une riche duchesse (alto, partie parlante).

Recommandation d'enregistrement

DECCA avec Joan Sutherland, Luciano Pavarotti, Spiro Malas, Monica Sinclair sous la direction de Richard Bonynge et l'Orchestre et le Chœur du Royal Opera House Convent Garden.

Commentaire

Donizetti à Paris

Les débuts de l’opéra remontent à 1839, lorsque Donizetti écrit le Polliuto pour Naples. Un conflit majeur avec les autorités de la censure survient, qui conduit au rejet de l’œuvre. Donizetti est tellement enragé qu’il déplace le centre de sa vie à Paris. En 1835, il avait visité la ville pour la première fois à l’invitation de Rossini et ses œuvres jouissaient d’une popularité croissante. Son triomphe avec la “Lucie de Lammermoor” en 1837 est un premier grand moment dans la capitale française, après quoi Donizetti prend la ville d’assaut. Il commence sa carrière parisienne au Théâtre des Italiens, et après 1837, il étend ses activités au grand opéra et au Théâtre de la Renaissance. Avec la “Fille du régiment”, il s’empare du quatrième et dernier bastion de la scène lyrique parisienne, l’Opéra Comique. Cela a permis à Donizetti de réaliser des projets d’opéra dans les 4 maisons d’opéra de la ville au cours de la saison 1840/1841 ! Donizetti était capable d’écrire simultanément dans quatre styles différents pour les différents opéras, un véritable caméléon musical ! Il était au sommet de sa carrière et le plus grand compositeur d’opéra actif au monde. Car Rossini s’était tu 10 ans auparavant, Bellini était mort quelques années plus tôt et Verdi et Wagner n’étaient qu’au début de leur carrière.

Une courte période de composition

Le poète Heinrich Heine, qui commente la vie musicale parisienne, s’étonne : “Cet Italien a beaucoup de talent, mais ce qui est encore plus remarquable, c’est sa fécondité, dans laquelle il n’est surpassé que par les lapins”. Entre 1839 et 41, il a écrit 6 de ses 73 opéras. À propos de son style de composition, Donizetti a déclaré : ” Ce que je faisais bien, je le faisais toujours rapidement ; et on m’a souvent reproché cette négligence même qui me coûtait le plus de temps “. Le succès de la Fille confirme cette observation. Donizetti semble avoir écrit l’opéra en quelques semaines.

Le livret

Les opéras destinés à l’Opéra Comique de Paris avaient leurs propres lois. Les plus évidentes étaient les dialogues parlés (contrairement à l’opera buffa) et la brièveté (contrairement au Grand opéra). Le livret a été écrit par un duo : Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Jean-François-Alfred Bayard. Ce dernier avait été auparavant l’élève d’Eugène Scribe, qui avait porté l’Opéra comique à un haut niveau de qualité comme librettiste et parfois comme directeur.

Le matériau Regimentstochter ne repose sur aucune base littéraire existante, mais est une création des deux auteurs. L’histoire a tous les éléments d’une comédie romantique : un préambule légèrement absurde (une jeune fille élevée par tout un régiment de soldats) ; des partis rivaux (les Français et les Autrichiens) ; un jeune couple qui doit surmonter cette rivalité pour être ensemble ; et une fin heureuse.

Pour être commercialement attractif, il s’est appuyé sur le battage médiatique autour de Napoléon de ces années-là. Le 50e anniversaire de la révolution approchait à grands pas et Louis-Philippe, le roi-citoyen, a fait transférer la dépouille mortelle de Napoléon dans la cathédrale de l’Invalidité la même année. Par cet acte, il voulait établir une identité nationale pour consolider la monarchie.

En plus des deux rôles principaux, le livret contient également deux conceptions de rôles particulières. D’une part, il faut mentionner Sulpice, qui, bien qu’il joue un rôle principal et ait une grande présence scénique, ne se voit pas attribuer de pièce indépendante, mais apparaît seulement dans des ensembles. D’autre part, le rôle de la duchesse de Krakentorp, qui est un rôle purement parlant.

Une précision sur le rôle de Marie. Marie est ce qu’on appelle une sutler (en français “Vivandière”). C’est une femme qui voyageait avec les troupes pour leur vendre de la nourriture, des vêtements et des provisions. En réalité, les Vivandières étaient souvent mariées à des soldats et faisaient même parfois office d’infirmières sur le champ de bataille, portant parfois leur propre uniforme.

L’officieux Opéra national français

L’effet que l’opéra a eu avec ses pièces patriotiques sur les Français pendant des décennies est étonnant. Il a figuré au répertoire des opéras du Quatorze Juillet pendant de nombreuses décennies et, comme la Marseillaise et le feu d’artifice, il faisait partie de la fête nationale. Le “Salut à la France” a été pendant longtemps l’hymne national inofficiel (voir aussi les commentaires ci-dessous sur ce point de l’opéra).

Le succès et les critiques

L’opéra fut chaleureusement accueilli à l’occasion de sa première et fut accepté car il serait l’œuvre d’un Français. La première année, il a été joué 50 fois à Paris et au cours des 70 années suivantes, il est devenu un véritable aimant à billets, surtout en France. Peu après la première, Donizetti a écrit une version italienne (où l’action ne se déroule pas au Tyrol mais en Suisse). La version la plus jouée à ce jour reste cependant la version originale.

À l’époque de sa création, l’opéra a également reçu des critiques virulentes. En premier lieu, il faut mentionner Berlioz. Ses critiques étaient violentes et blessantes. Bien sûr, la pièce est une comédie légère et vit de rôles stéréotypés, offrant ainsi à l’artiste-critique une cible à attaquer. Mais on ne peut nier que l’envie des moins performants ait pu transparaître. Berlioz écrit dans le Journal des Débats : ” M. Donizetti semble vouloir nous traiter comme un pays conquis, c’est une véritable guerre d’invasion. Nous ne pourrons plus parler des théâtres lyriques de Paris, mais des théâtres de Donizetti !”.

Le critique anglais Henry Chorley a écrit à propos de la “fille du régiment” : “La musique est d’une gaieté insouciante qui confine à l’exubérance, d’une franchise authentiquement militaire mais jamais vulgaire. C’est léger, c’est facilement familier, c’est entraînant, c’est tout ce que les pédants aiment condamner. ”

LA FILLE DU REGIMENT Acte I

Les villageois craignent les troupes françaises

Résumé : Dans une région rurale du Tyrol autrichien. Des villageois se tiennent sur une colline et regardent une bataille des troupes autrichiennes contre les troupes napoléoniennes ennemies, qui se déroule en bas dans la vallée.

Une musique rurale combinée à des marches et des sons militaires caractérisent cette belle introduction à cet opéra.

Overture – Valentini

Résumé : Le tonnerre des canons est audible. Les villageois prient pour que les troupes françaises les épargnent

Une splendide musique chorale des villageois en prière (Sainte Madone) se fait entendre.

L’ennemi s’avance – Gagnon

Résumé : La marquise de Birkenfeld est en voyage de transit et a trouvé refuge dans le village. Elle est malade de peur et son intendant doit lui donner du sel odorant. Lorsque les observateurs pensent que l’ennemi a été vaincu, la bonne humeur s’installe.

Cette pièce est un couplet, forme typique de l’Opéra comique, qui combine des paroles comiques avec un refrain entraînant.

Pour une femme de mon nom – Podles

La mise en scène de Laurent Pelly et le rôle de Natalie Dessays

Résumé : Sulpice, un sergent de l’armée française, apparaît soudainement. Les villageois courent en hurlant pour rentrer dans leurs cabanes. Il est rejoint par Marie, qui a été adoptée par le régiment alors qu’elle était petite orpheline et qui travaille maintenant comme cantinière pour le bien-être des soldats.

Dans la première partie de cette scène, nous faisons connaissance avec Marie et dans la deuxième partie, nous le célèbre motif Rataplan (court-court-long), que nous rencontrerons souvent dans cet opéra.

Nous entendons et voyons ce numéro dans la production de Pelly. En 2007, la production de Laurent Pelly, un metteur en scène d’opéra français, est montée sur scène à Vienne (une coproduction avec Convent Garden et le MET), qui a ensuite été présentée dans d’autres maisons d’opéra renommées. Le succès a été gigantesque et a déclenché une grande renaissance de cet opéra. Laurent Pelly a souligné qu’il a développé le rôle de Marie avec Natalie Dessay, qui a influencé le rôle par son talent d’actrice.

Au bruit de la guerre – Dessay

Résumé : Sulpice, son père adoptif, parle à Marie d’un homme avec qui elle a été vue fréquemment ces derniers temps. Elle lui dit qu’il s’agit de Tonio, un habitant qui lui a sauvé la vie. Des soldats arrivent avec un prisonnier au milieu d’eux. Marie reconnaît Tonio, qui a essayé de la voir et a été attrapé. Les soldats menacent de tuer le prétendu espion. Lorsqu’ils réalisent que Tonio est le sauveur de Marie, ils lui rendent hommage. Pour célébrer ce jour, Marie chante la chanson du régiment.

Un autre couplet de Donizetti, la chanson du 21e régiment. C’est une des mélodies que Donizetti pouvait inventer apparemment sur le champ. Nous entendons et voyons Natalie Dessay.

Chacun le sait, chacun le dit – Dessay

Résumé : Les soldats partent pour l’appel commandé.

Les chœurs masculins sont une autre marque de fabrique de cet opéra. Les voix sont accompagnées de tambours, de crécelles, de cornets et de flûtes (piccolo), qui apportent une couleur militaire à la musique sans jamais paraître grossiers.

C’est l’instant de l’appel…Dès que l’appel sonne – Gagnon

Résumé : Lorsque les deux sont seuls, Tonio avoue à Marie son amour. Lorsque Sulpice revient, il renvoie Tonio.

Natalie Dessay est l’un des modèles les plus célèbres de Marie. ” Je ne suis pas une chanteuse, je suis une actrice qui chante “, disait d’elle-même Natalie Dessay. Elle a brillé dans la célèbre production de Pelly, qui a triomphé dans de nombreuses capitales du monde occidental en changeant de distribution à partir de 2007. Pour sa performance d’actrice dans cet opéra, elle a reçu un prestigieux prix d’interprétation en Angleterre, le “Laurence Olivier Award”. Dans la pièce suivante, vous pouvez d’abord apprécier à nouveau le talent comique de Natalie Dessay et dans la deuxième partie (à partir de 4:50), vous entendrez le magnifique duo d’amour “De cet aveu si tendre”.

Quoi ? Vous m’aimez – Sutherland / Pavarotti

“Pour mon âme” – l’air de ténor avec les 9 C aigus

Résumé : La comtesse Birkenfeld sort maintenant de sa cachette et demande de l’aide à Sulpice. Lorsqu’il apprend le nom de la marquise, il se souvient du défunt capitaine de régiment Robert, qui était marié à une Birkenfeld. Ils ont même eu un petit enfant, qui est devenu orphelin très tôt. Lorsqu’ils ont disparu, le régiment l’a recueillie comme une fille. La marquise lui dit que c’était sa sœur. Lorsque Marie apparaît et que Sulpice la présente à sa tante, elle doit se rendre compte que les manières de Marie ne sont pas celles d’une dame de son rang. Elle veut emmener Marie avec elle sur-le-champ. Devant la résistance de Marie, elle sort une lettre de son père qui déclare que c’est sa dernière volonté. Des soldats apparaissent.

Rataplan, Rataplan

Parmi eux se trouve Tonio, qui s’est inscrit pour être proche de Marie. Les soldats sont surpris d’apprendre que le nouveau soldat est l’amant de la fille du régiment. Tonio lui demande de l’épouser, car il est après tout un soldat du régiment.


“Pour mon âme” est le morceau le plus célèbre de l’opéra “La fille du régiment” et l’un des airs de ténor les plus célèbres de tous les temps. Elle le mérite principalement parce qu’elle demande au chanteur de chanter un incroyable 9 do aigus en seulement 2 minutes. Le défi de l’aria réside dans le fait que les do aigus doivent être chantés avec un timbre de poitrine robuste et une intonation claire (il convient de noter que le do aigus n’était peut-être chanté qu’avec le fausset à l’époque de la composition. Le ténor Duprez l’a chanté pour la première fois dans Guillaume Tell de Rossini en 1837 en poitrine, le soi-disant “do in petto”, et a établi le Fach vocal du ténor héroïque). En plaisantant, l’aria est également appelée “le Mont Everest des ténors”. On estime que dans une génération de ténors, il n’y a qu’une poignée de ténors qui peuvent les chanter vraiment parfaitement.

“La fille du régiment” de 1968 est l’un des plus grands enregistrements que Pavarotti ait jamais réalisés. Ce n’était que le deuxième enregistrement complet de sa jeune carrière discographique de l’époque. John Steane (dans “The grand tradition”), critique influent, parle d’une des meilleures performances de ténor jamais enregistrées, chantée avec la finesse de l’artiste mûr et la voix florissante du jeune homme. Le journaliste musical Edward Greenfield, présent lors des sessions d’enregistrement, rapporte que cette aria a dû être chantée plusieurs fois avant d’être “dans la boîte” et Pavarotti a répété et réenregistré cet acte éreintant sans se relâcher.

Les performances de Pavarotti au MET en 1972 sont devenues légendaires. Il a pris le public d’assaut avec son aria et avec la tournée suivante à travers les États-Unis, il est finalement devenu un ténorissimo sur le continent américain et le globe. Il a reçu le surnom de “roi des do aigus”.

Pour mon ame – Pavarotti

Pavarotti n’était pas un “tenore di grazia” classique, mais chantait généralement dans le registre vocal un peu plus “lourd” du “ténor lyrique”. Les enregistrements suivants sont ceux de chanteurs à la voix légèrement plus légère, moins forte et moins large, mais s’élevant plus gracieusement dans les notes supérieures.

Le “Pour mon âme” de Juan Diego Florez a une histoire similaire d’un rappel célèbre. En 2007, il a chanté le Tonio à la Scala et il a été le premier à se voir accorder une aria en rappel depuis 1933. Nota bene cela n’a pas été permis à un Tebaldi ou une Callas, ni à un Domingo ou un Pavarotti ! Nous entendons un enregistrement en direct avec un bis de cette époque provenant de l’Opéra de Gênes.

Pour mon ame – Florez

L’élégie après l’euphorie

Résumé : Marie apparaît et doit faire ses adieux à ses soldats. Tonio prend la nouvelle avec consternation. Il décide de la suivre, mais Sulpice lui annonce qu’il est fiché et n’a pas le droit de quitter le régiment. Malheureusement, Tonio et les soldats doivent dire au revoir à Marie.

Après l’effervescent “Pour mon âme”, le livret passe habilement à l’opposé absolu. Donizetti était conscient qu’une bonne comédie a besoin de sentiments humains. Ce moment offre le profondément triste “il faut partir”, un autre moment fort de cet opéra. Introduit et accompagné par un solo mélancolique du cor anglais, nous entendons le morceau, baigné dans le lugubre fa mineur.

Vous entendrez le final de cet acte dans deux versions. D’abord la version de studio de Bonynge avec Sutherland et Pavarotti. Bonynge adopte un tempo plus lent et donne à Joan Sutherland l’occasion d’une élégie émouvante.

Je suis soldat… Il faut partir… – Sutherland

La deuxième version est à nouveau un enregistrement live avec Dessay et Florez.

Je suis soldat … Il faut partir… – Dessay

LA FILLE DU REGIMENT Acte II

Entr’acte

La scène hilarante de la leçon de chant

Résumé : Au château des Birkenfeld. La marquise a chargé un notaire de rédiger un contrat de mariage. Selon son testament, Marie doit épouser le fils de la duchesse de Krakentorp. Bien que Marie soit consentante, elle est triste. La marquise a convoqué Sulpice pour lui parler. Il apparaît pendant une leçon de chant qu’elle donne à Marie, ce qui montre que Marie n’a pas encore complètement abandonné ses manières militaires. La leçon de chant dérape, car Marie, alors qu’on lui apprend un air démodé, tombe à plusieurs reprises sur la mélodie de l’hymne régimentaire. La marquise quitte la pièce pour s’occuper des préparatifs de la réception du fils du duc et d’autres têtes distinguées du pays.

Cette scène a un modèle bien connu, la leçon de chant de Rosine dans le Barbier de Siviglia. Donizetti connaissait bien sûr cette œuvre mais a créé une pièce indépendante. Comme dans le Barbiere, Marie doit chanter un air démodé (“Le jour naissait dans le bocage”) avec des trilles et des roulades languissantes, que la marquise accompagne au piano avec des accords simples et presque grotesques. Sulpice la sabote avec des interjections de Rataplan. Marie commence volontiers la chanson, mais bientôt, à l’horreur de la marquise, elle revient aux militaires avec une cascade de gammes et d’arpèges et entonne la chanson régimentaire. La marquise est consternée de cette rechute après 1 an d’éducation.

Nous entendons la leçon de chant en deux versions. D’une part la grande version belcantistes avec Joan Sutherland, qui avec sa grande technique a vraiment transformé cette leçon de chant en une leçon de chant.

Le jour naissait dans le bocage – Sutherland / Malas / Sinclair

La deuxième version est à nouveau un enregistrement live. Bien sûr, il est difficile de comparer un enregistrement live avec un enregistrement studio. Vocalement, Dessay n’a pas la sophistication du premier, il est trop survolté pour cela, mais il emporte l’auditeur par son élan comique.

Le jour naissait dans le bocage – Dessay / Corbelli

Salut à la France – L’hymne national français non officiel

Résumé : Sulpice est prévenu de l’arrivée de soldats. Il part à leur rencontre. Marie est seule et profondément triste. Toute sa richesse n’est que superficielle, car son coeur est avec les soldats du régiment et avec Tonio. Soudain, elle entend la musique d’une marche militaire. Le cœur battant, elle attend l’arrivée des soldats qui l’accueillent joyeusement.

Un élément passionnant de cet opéra est que, dans le premier acte, la marquise est le corps étranger d’une personne de l’ancien régime qui est tombée hors du temps et s’est perdue dans la tourmente des guerres napoléoniennes. Ainsi, au deuxième acte, Marie connaît le même sort à l’envers, la fille du régiment s’est égarée dans un foyer de l’ancien régime et se sent mal placée.

Cette pièce est divisée en deux parties. Nous entendons d’abord l’élégie de Marie, écrite en fa mineur sombre. La deuxième partie est le célèbre “Salut à la France”, qui est devenu l’hymne national non officiel, surtout pendant le second empire.

Dans toute cette scène, l’art belcantiste avec son art de l’ornementation et du legato et beaucoup d’expressivité est à nouveau sollicité.

C’en est donc fait … Par le rang et par l’opulence en vain l’on a cru m’éblouir – Dessay

Dans le portrait de cet opéra, le nom de Lily Pons ne doit pas manquer. Elle fut l’une des grandes divas du MET des années 40 et 50. Née en France et naturalisée américaine, elle a participé à des concerts sur le front pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa prestation au Met le 29 décembre 1940 après l’occupation de Paris est devenue célèbre. Avec la permission de Roosevelt, elle a brandi un drapeau tricolore français lors de la représentation de la Fille du Régiment, pendant la scène de la leçon de chant et a chanté la Marseillaise. Le public s’est levé et a salué avec enthousiasme cet acte patriotique.

Salut à la France – Pons

Les retrouvailles avec Tonio et le terzetto

Résumé : Tonio fait également partie des soldats, et a été promu officier entre-temps.

Le Terzetto est un produit typique de l’Opéra comique. On a presque l’impression d’anticiper déjà Offenbach, qui écrira ses premières opérettes 15 ans plus tard. Les éléments répétitifs et la mélodie exubérante imbibée de rythmes dansants sont profondément proches de l’opérette. La capacité de Donizetti à s’adapter aux conditions locales lui vaut le surnom de “caméléon musical”.

Tous les trois réunis – Dessay / Florez / Corbelli

Résumé : Lorsqu’il salue Marie, la marquise apparaît, surprise par la visite des soldats. Tonio lui dit qu’il aime Marie et qu’il veut l’épouser.

Avec cette romance, la musique de Tonio change, sa musique est devenue plus masculine. L’aria reste dans l’ombre de l’aria plus célèbre avec les nombreux do aigus. C’est dommage, car elle offre la possibilité de phrasés longs et riches. Elle contient un ré bémol aigu difficile dans la section finale et fait donc partie des arias dangereuses pour lesquelles les ténors ont beaucoup de respect.

Cet air ne figure pas dans la version italienne de l’opéra, ce qui indique que Donizetti a écrit cet air pour le goût français.

Nous écoutons Alfredo Kraus, un contemporain de Pavarotti. Ses qualités de chanteur étaient certainement à la hauteur de celles de son collègue plus célèbre, mais il n’a jamais atteint la popularité de ce dernier. Sa technique était excellente. C’était un ténor leggiero avec une grande maîtrise des aigus. La voix avait moins la chaleur du vibrato, mais était directe et franche.

Pour me rapprocher de Marie, je m’enrolai – Kraus

La Finale

Résumé : Mais la marquise lui explique que son mariage est une affaire réglée. Elle souhaite être seule avec Sulpice. Elle lui avoue qu’en réalité Marie est sa fille. C’est elle qui s’est enfuie avec le capitaine Robert. Lorsqu’il a dû partir en campagne, elle ne pouvait pas ramener Marie chez elle sans mettre en danger sa position. Comme il lui est toujours impossible de reconnaître l’enfant illégitime, elle veut néanmoins que Marie reçoive la position sociale à laquelle elle a droit par le mariage. Lorsque la duchesse et sa famille se présentent, le notaire délivre les actes de mariage. Puis Tonio apparaît avec les soldats pour sauver Marie. Horrifiés, les invités apprennent de sa bouche que Marie était suturière d’un régiment. Émue, Marie explique aux mariés qu’elle est la fille d’un régiment qui l’a généreusement accueillie. Elle est néanmoins prête à affronter le mariage. La marquise est touchée par la volonté de Marie de faire des sacrifices et lui permet d’épouser l’homme de son cœur. Elle choisit Tonio et le régiment célèbre ce tournant pour le mieux.

Cet opéra se termine par un autre retournement de situation. Le livret est dramatiquement bien arrangé et de bonne facture et apporte la fin heureuse requise. L’œuvre se termine par une reprise du “Salut à la France”.

Oui ! Quand le destin – Sutherland / Pavarotti

Recommandation d’enregistrement de l’opéra

DECCA avec Joan Sutherland, Luciano Pavarotti, Spiro Malas, Monica Sinclair sous la direction de Richard Bonynge et l’orchestre et le chœur du Royal Opera House Convent Garden.

 

Peter Lutz, opera-inside, le guide d’opéra en ligne sur LA FILLE DU RÉGIMENT de Gaetano Donizetti.

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